Blog 2023 01/ Podcast S5 E1 : La taille d’hiver des rosiers

Vers la mi-mars, une fine équipe est réunie au Jardin des Merlettes pour un des premiers stages de l’année : la taille d’hiver des rosiers. Tour à tour, les élèves taillent des rosiers miniature et paysagers, puis des rosiers buisson et des rosiers haut buisson et demi tiges, et enfin des rosiers grimpants et lianes. 
Au début, les élèves sont timides : cette taille si radicale ne va-t’elle pas achever les rosiers après le froid bien rude de l’hiver ? Et s’ils ne repoussaient pas, ou de façon déséquilibrée ? C’est une question qui revient à chaque atelier, qu’il s’agisse d’arbustes décoratifs, de rosiers ou d’arbres fruitiers. Beaucoup d’élèves hésitent à tailler, de peur d’abîmer leurs arbustes.
Alors, pour répondre à cette question fondamentale, prenons les choses dans l’ordre : Pourquoi, quand et comment tailler les rosiers ?

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Rosier ‘Fantin Latour’

Et déjà, pourquoi taille t’on ?

Les principes de taille sont guidés par le fonctionnement cellulaire des plantes et, en particulier, celui de leurs cellules souches, c’est à dire ces cellules indifférenciées à partir desquelles toutes les autres se développent. Elles aident à réparer l’organisme mais aussi lui permettent de grandir. Ces cellules souches sont présentes dans le méristème des plantes, qui sont les zones de division cellulaire. Or le méristème n’est pas réparti de la même façon dans tous les végétaux. Il peut être présent dans leur apex (leur bourgeon terminal) alors que pour d’autres c’est à la base de la plante que tout se joue. Dans le premier cas, le végétal est qualifié d’acrotone (beaucoup d’arbres, le pin maritime par exemple) et dans le second cas, de basitone. Les rosiers font partie de cette deuxième catégorie. Bien entendu, il existe une infinité de catégories intermédiaires entre ces deux extrêmes. 

Alors que l’on gêne énormément le développement d’une plante acrotone si on l’étête, un chêne, un bouleau, par exemple ; en revanche, une plante basitone repart de plus belle si on la recèpe, c’est-à-dire si on supprime régulièrement ses rameaux à la base. C’est le cas des rosiers. Ses branches ne sont pas pérennes mais ont un cycle de vie de quelques années seulement. Au fil des années, un rameau de rosier vieillit. La sève circule moins bien, il porte moins de fleurs puis se dessèche complètement. La durée de vie d’une branche de rosier est d’environ quatre à cinq ans pour un rosier buisson, un peu plus longtemps pour un rosier grimpant. Mais même ceux-ci gagnent à être renouvelés régulièrement par une taille au pied de l’une ou l’autre de ses branches charpentières.

L’objectif principal de la taille du rosier est donc de conserver et même renforcer sa basitonie, c’est-à-dire lui permettre d’émettre régulièrement de nouveaux rameaux à partir de son pied. Et attention, quand on dit ‘de son pied’ on parle de son point de greffe, d’où l’importance de celui-ci.

Une autre question qui préoccupe beaucoup nos élèves, c’est celle du calendrier : quand est-il préférable de tailler ?

Les avis diffèrent. Au Jardin des Merlettes, nous distinguons entre la taille sur éléments inertes et celle sur éléments vivants.

Pour les éléments inertes, c’est-à-dire les branches mortes, on taille dès qu’on peut. C’est une taille de nettoyage, très utile. On la fait si possible dès qu’on remarque un élément mort sur un rosier. C’est autant de temps de gagné pour la taille proprement dite, sans compter que c’est plus agréable à faire quand il fait encore bon, à l’automne par exemple, qu’en plein hiver.

Pour les éléments vivants, la taille d’hiver est une taille assez radicale. Comme on l’a expliqué il y a un instant, on cherche à relancer la basitonie de l’arbuste en le taillant court et en éliminant les branches les plus âgées. Il est donc recommandé d’effectuer ce travail quand l’arbuste est au repos et qu’un maximum de sève est descendue dans ses racines, donc plutôt en hiver.

En conséquence, le ‘meilleur’ moment pour tailler dépend en premier lieu, de l’endroit où est situé le jardin et donc du climat environnant. Si le temps est froid (mais hors gel), la taille d’un arbuste n’entraîne pas de réaction de sa part. En revanche, si le temps est doux, une taille favorise le départ de la plante. Attention donc si vous habitez dans une région où le climat est souvent très doux en févier mais suivi par un retour des gelées. Dans ce cas, le fait de tailler en février risque de favoriser une pousse hâtive… qui gèlera en mars. Et vous devrez tailler de nouveau pour supprimer ces pousses gelées. Autrement dit, la taille fait dans ce cas plus de mal que de bien : elle fatigue l’arbuste et vous avez travaillé pour rien. C’est pour cette raison que le stage de taille de rosiers est organisé vers la fin mars au Jardin des Merlettes, plutôt qu’en février où il nous arrive régulièrement de travailler en T shirt au jardin.

Le moment de tailler dépend aussi bien entendu du moment auquel le jardinier est disponible. Il doit organiser ses priorités entre toutes ses tâches en fonction de sa présence dans son jardin. En particulier s’il s’agit d’une maison de campagne ou de vacances, il n’a pas forcément la possibilité de tailler en hiver. D’expérience les rosiers sont assez tolérants. On cherche à respecter autant que possible leur cycle annuel de croissance, mais mieux vaut tailler à contre temps que pas du tout. En revanche, en ce qui concerne les tailles de rénovation, c’est à dire les tailles de restructuration sur des rosiers grimpants qui ont été laissés à eux-mêmes plusieurs années de suite, autant que possible, on évitera d’effectuer ces tailles pendant la période de croissance. Si l’on n’a pas d’autre choix que d’effectuer une telle taille en été, on évitera les périodes de forte chaleur et on arrosera le rosier copieusement. Et l’on fera peut-être en deux ou trois fois (c’est-à-dire en répartissant sur deux ou trois ans, ce que l’on aurait pu faire en une seule fois en hiver.

Taille d’un rosier grimpant ‘Mme Meilland’

Les rosiers NON remontants sont un cas particulier, on ne les taille pas en hiver mais en juillet, après leur floraison. Ils produiront pendant l’été les pousses qui fleuriront en mai de l’année suivante. 

Bien entendu, on ne taille pas les nouvelles pousses des rosiers grimpants, on se contente de les attacher en les arquant pour une floraison plus abondante et bien répartie. 

Une situation particulière concerne les travaux qui seraient à effectuer sur ou autour d’une maison sur laquelle pousse un rosier grimpant. Souvent les artisans demandent que le rosier soit sévèrement rabattu pour ne pas gêner leur échafaudage. Il faut autant que possible prévoir cette situation, tailler le rosier très bas, mais à la bonne période, c’est-à-dire hors végétation pour que les rosiers souffrent le moins possible. Même si les travaux sont décalés dans le temps, par exemple, s’ils ont lieu en été, le fait d’avoir taillé pendant la période de dormance aura permis à l’arbuste de conserver un maximum de sève. Il va émettre de nouvelles pousses qui seront souples et faciles à haubaner pendant les travaux, et repartira très vite une fois les travaux achevés et l’échafaudage supprimé.

Et maintenant que l’on est bien d’accord qu’il faut agir et qu’on sait à peu près quand le faire, pratiquement, comment s’y prend on ?

On applique toujours la même méthode : on commence par un diagnostic. Et pour cela, on observe le rosier pour évaluer sa vigueur. A-t-il porté beaucoup de roses durant la saison précédente ? Et on répertorie les pousses de l’année passée (leur nombre, leur force, leur longueur …). Ensuite, on regarde s’il y a des parties abîmées : blessées, mortes, ou même dévorées par des animaux ou des insectes.

Puis, et c’est bien spécifique aux rosiers, on examine l’état du point de greffe, c’est-à-dire cet endroit où une variété particulière de rose a été greffée sur un porte greffe d’églantier par exemple. Ce point est vital pour le rosier car c’est là que se concentre le méristème dont on a parlé tout à l’heure et c’est donc de là que partent les nouvelles pousses du rosier. Alors on observe : le point de greffe est-il dégagé ou au contraire est-il enterré ? Porte-t-il de la mousse ? Dans les pays froids, il est d’usage de recouvrir en hiver le pied des rosiers, c’est-à-dire de le buter légèrement pour protéger le point de greffe du froid. Mais lorsque le printemps arrive, il faut dégager ce pied pour qu’il reçoive les rayons du soleil. C’est un peu fastidieux mais bien utile. 

Après ce premier diagnostic, on prépare le rosier à la taille.

Pour observer le rosier, on commence par le dégager du haut en bas. On arrache les mauvaises herbes au pied, comme on vient de le voir, mais on enlève également les ronces ou petites lianes qui s’y seraient invitées à notre insu

Le point de greffe doit être bien apparent : si ce n’est pas le cas, on le dégage doucement en suivant le tracé des tiges en partie enterrées jusqu’à arriver à leur origine. Cet exercice réserve souvent des surprises tant les tiges sont parfois enterrées loin de leur départ. J’ai vu reprendre avec une bonne vigueur tellement de vieux rosiers tout décatis simplement après un bon soin au pied pour dégager le point de greffe qui avait fini par se perdre, enterré sous la terre et les mauvaises herbes.

Dégager le pied du rosier sert également à repérer et éliminer les gourmands. En effet les gourmands sont des rejets du porte greffe, c’est-à-dire du rosier sauvage sur lequel le rosier est greffé. Ils ne partent donc pas du rosier greffé mais leur origine se situe en dessous du point de greffe ou sur les racines du porte greffe. En nettoyant soigneusement le point de greffe, on peut facilement faire la différence. Une exception concerne les rosiers botaniques. En effet, comme ce sont des rosiers naturels, c’est-à-dire qui ne sont pas greffés, ils peuvent drageonner librement, et toutes ces pousses sont autant de rosiers botaniques que vous pouvez transplanter ailleurs dans votre jardin ou donner. Cette remarque n’est pas fortuite car certains rosiers botaniques ont vraiment tendance à voyager tout autour de leur point de départ, voire à devenir un peu envahissants si on n’y prend pas garde. Toujours par rapport au point de greffe, on vérifie aussi à quelle hauteur il se situe par rapport au niveau du sol. En effet, autant le point de greffe lui-même doit être exposé au soleil à la belle saison, autant toutes les racines doivent, elles, être enterrées, comme c’est le cas pour la plupart des ligneux. Attention donc aux rosiers plantés trop hauts et dont les racines partiellement exposées au soleil pourraient souffrir gravement pendant la canicule.

La taille proprement dite

Une fois que tous les préparatifs ont été effectués et le diagnostic posé, la taille elle même est vraiment très simple et rapide.

Les rosiers buissons :

Voici quelques photos de rosiers avant la taille. Comme on l’a expliqué, le rosier est un arbuste basitone, c’est à dire qu’il est capable de repousser rapidement et de reconstituer une structure à partir de sa base.

La taille d’hiver est donc l’occasion annuelle de supprimer les branches vieillies, abîmées ou cassées. On sélectionne ensuite soigneusement les branches à conserver, environ 5 à 9, selon la force du rosier. On les choisit de façon à ce qu’elles se placent bien les unes par rapport aux autres et puissent se développer harmonieusement. Puis on raccourcit l’ensemble.

Les rosiers grimpants

Le clou de la session est la taille et le palissage du rosier grimpant ‘Aimée Vibert’, sur la pergola, puis la régénération d’un très vieux rosier grimpant ‘Madame Meilland’. Le rosier est parfaitement capable de ‘repercer’ sur vieux bois. Cela permet de diminuer l’envergure de cet arbuste, devenu trop haut par rapport au mur de soutien. En l’absence d’un support solide, les branches pourraient se trouver emportées en cas de tempête.

En hiver, on peut tailler très sévèrement un rosier âgé : il formera des pousses à partir des yeux latents situés tout le long de son tronc. C’est une particularité de cette plante bien utile à connaître. Donc, pas de panique si une tempête, des travaux ou d’autres aléas viennent à endommager vos beaux rosiers. Une taille nette pour permettre à la blessure de bien cicatriser, et c’est reparti ! Attention cependant, ceci n’est pas applicable aux rosiers ‘tige’ : si la plante est abîmée en dessous de son point de greffe, c’est un églantier qui repousserait… Et si la plante a été sectionnée (suite à un accident) pendant la saison chaude, pensez à l’arroser abondamment.

Taille et palissage du rosier grimpant ‘Aimé Vibert’

Les pousses mettront quelques semaines, voire un ou deux mois après la taille pour percer sur le vieux bois des rosiers. Elles se développeront ensuite vigoureusement et le travail du jardinier consistera à les conduire doucement vers la forme souhaitée, en pergola ou contre une façade. C’est un travail soigneux et un peu périlleux car ces tiges nouvelles sont très cassantes. Il fait l’objet du stage du mois de septembre où les élèves drapent les grands rosiers pour une floraison ‘bluffante’ au printemps suivant. Nous y reviendrons dans un prochain article/podcast.

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S4 E7 Podcast : comment choisir ses rosiers

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Quand on souhaite planter des rosiers, les catalogues regorgent de merveilles. Mais comment choisir ? Le propos semble anodin mais rien n’est plus dommage que de voir un rosier mal adapté à l’endroit où il est planté. Tout le savoir-faire du jardinier ne pourra pas compenser un mauvais choix à la plantation.
Ce podcast propose quatre règles d’or pour choisir un rosier : Des plantes en bonne santé, une forme de rosier appropriée àl’endroit où il est planté, un besoin d’entretien de la variété choisie bien synchronisé avec la disponibilité et le savoir-faire du jardinier. Et bien sûr, un rosier dont la couleur, les pétales, le parfum enchantent le jardinier et/ou ceux pour qui le rosier a été planté !
Une fois choisis vos critères, le nombre de rosiers ‘éligibles’ pour votre petit coin de paradis se réduit étonnamment. Mais le résultat sera à la mesure de vos efforts de recherche. 

Blog 2022 09 : Comment choisir ses rosiers

Le jardinier qui souhaite planter des rosiers a beaucoup de chance : l’offre des pépiniéristes est très fournie et les catalogues regorgent de merveilles. Oui mais… comment choisir ? Car si les rosiers sont en général des plantes faciles à cultiver, rien n’est plus dommage que de voir un rosier mal adapté à l’endroit où il est planté. Le propos semble anodin. Pourtant tout le savoir-faire du jardinier ne pourra pas compenser un mauvais choix à la plantation.

Il y a quatre règles d’or pour choisir un rosier :

  • Des plantes en bonne santé
  • Une forme de rosier appropriée à l’endroit où il est planté
  • Un besoin d’entretien de la variété choisie bien synchronisé avec la disponibilité et le savoir-faire du jardinier
  • Un rosier dont la couleur, les pétales, le parfum enchantent le jardinier et/ou ceux pour qui le rosier a été planté !
Rosier ‘Alchemist

Un rosier en bonne santé

Quelques régles à respecter.

Les rosiers ne supportent pas tous le froid. La plupart des rosiers résistent très bien au froid, témoin les magnifiques rosiers qui fleurissent chaque printemps devant les maisons de l’île de Gotland, à l’est de la Suède. Mais il y a desexceptions, et de taille, comme par exemple de nombreux rosiers thé. Ils ont tendance à geler jusqu’au sol en hiver, dans notre Puisaye. S’ils reprennent au printemps, ils sont simplement en retard sur la saison mais vigoureux. Mais certains ne se remettent pas de cet épisode rigoureux. Les rosiers chinensis, les noisette et les banksia n’aiment pas le froid non plus. En revanche, tous les Gallica, Rugosa et beaucoup de centifolia et alba sont bien résistants. Le rosier ‘Hansa’ ci dessous non seulement supporte le froid mais est d’autant plus beau que l’hiver a été rigoureux
Les hybrides modernes sont inégaux mais une taille très courte au printemps est souvent nécessaire.

Rosier ‘Hansa‘ en hiver

S’ils ne supportent pas tous le froid, en revanche les rosiers supportent bien la chaleur : certains rosiers nous viennent du Moyen Orient (Rose de Damas, de Perse) et ne craignent vraiment pas le soleil. A l’usage, les rosiers semblent même préférer le temps chaud au temps froid. Les épisodes de canicule de cet été 2022 l’ont amplement démontré et la plupart des rosiers de notre roseraie montrent en ce début septembre un feuillage bien fourni et brillant et préparent une belle remontée de fleurs.
Les rosiers ont besoin d’arrosage, mais moins que la plupart des plantes vivaces. Nous avons fait l’expérience cet été de pailler abondamment les pieds des rosiers mais nous ne les avons pas du tout arrosés. Ils ont bien supporté six semaines sans aucune pluie. En revanche, dès que les orages ont été assez conséquents pour traverser les paillages et réimbiber le sol, les rosiers ont produit de bien belles pousses, en avance sur ce que l’on voit en général début septembre. 
Inversement, les rosiers supportent mal un sol détrempé en hiver. Nous avons au Jardin des Merlettes quelques rosiers plantés et qui se portent bien à des endroits mal drainés et souvent inondés l’hiver. C’est le cas de ‘Mermaid’ et de certains rosiers botaniquesmais ce sont des exceptions, la plupart des rosiers n’aiment pas que leurs racines soient noyées.
Les rosiers préférent les sols argileux : il nous est bien facile de voir la différence entre les rosiers cultivés dans le jardin situé à Cosne même, dans le Val de la Loire, au sol léger et sableux, et ceux de la roseraie du Jardin des Merlettes, dans l’argile poyaudine, à environ 250 m d’altitude. Même bien enrichi en humus depuis des années, le sol du val donne de bien moins bons résultats. La structure du sol est un sujet sur lequel nous sommes particuliérement vigilants : les parterres du Jardin des Merlettes sont rechargés régulièrement en bois raméal fragmenté, terreau ou paillage de fétuque, paille ou mulch. A ce régime ne s’ajoute aucun engrais chimique, naturellement. Parmi les rosiers buissons particulièrement vigoureux et faciles : ‘Jubilé du Prince de Monaco’, ‘Westerland’ et ‘Mozart’.

Mais il faut bien reconnaître hélas que, même plantés dans des conditions idéales, certains rosiers sont fragiles : Même si la saison débute bien, ‘American Pillar’ se couvrira d’oïdium au début de l’été, de même que ‘Veichelblau’ (photo ci dessous) ou ‘Souvenir d’Alphonse Lavallée’. La différence est flagrante avec d’autres rosiers bien résistants. Autant le savoir. D’autres rosiers sont, eux, sujets au champignon Marsonia , appelé aussi ‘maladie des taches noires’ et perdent toutes leurs feuilles en début d’été. C’est le cas des rosiers ‘Alchemist’ , ‘Prince Igor’ et ‘Madame Butterfly’. Cette faiblesse ne nous a pas empêchés de les planter. Nous ne nous en préoccupons pas trop et nous contentons de tailler les branches les plus atteintes et d’arroser les rosiers les plus touchés. La pousse de remplacement qui s’ensuit en milieu d’été est en général saine.

Oidium sur rosier ‘Veichelblau’

Choisir où planter en recensant les milieux du jardin

Dans un jardin, les propriétés du sol, l’espace disponible, l’ombre portée par les bâtiments alentour et les arbres, le vent, le climat, sont autant de circonstances qu’on ne pourra pas changer. En revanche, la combinaison de ces éléments, favorables ou défavorables, peut changer de façon importante d’un endroit du jardin à l’autre et un jardinier peut utiliser ces différences de façon astucieuse.
Autant que possible, on plante les rosiers dans l’endroit du jardin le mieux adapté à leurs besoins, c’est à dire celui qui répond au plus grand nombre de critères positifs et, par ordre d’importance, de la lumière, de l’air, et un peu d’espace, tel ce rosier grimpant ‘Madame Meilland’, de plus de cinquante ans d’âge, qui contraste avec l’aspect chétif d’autres rosiers du même jardin qui ne reçoivent pas assez de lumière.

Mme Meilland’ ou ‘Peace’

Un rosier pour chaque usage

Il faut ensuite considérer la hauteur et la largeur souhaitée pour la plante qu’on installe. Bien sûr, ça coule de source…mais on a tendance à oublier cette question quand on achète un rosier. Selon l’objectif recherché, l’espace à investir ou le support à habiller, mais aussi l’association recherchée avec les plantes déjà en place et l’ambiance que l’on souhaite créer, on choisira des rosiers plus ou moins hauts ou larges, ceux qui serviront de fond et ceux qui joueront les ‘prima rosa’. Là se pose souvent un problème bien pratique : où trouver ces précieuses informations ? Les catalogues donnent des indications, mais le sol du jardin et les conditions de culture offertes au rosier changent beaucoup la donne. Nous avons ainsi planté des rosiers ‘Astronomia’ censés mesurer environ 60 cm de haut et sommes chaque année surpris par les pousses d’été qui avoisinent un mètre, ridiculisant un peu le second rang de rosiers qui s’en tient, lui, aux 80 cm prévus. Un détail anodin ? Pas vraiment, car l’effet d’ensemble est raté.

Le dessin ci-dessous présente la succession des formes de rosiers, par ordre croissant : rosier paysager couvre sol, buisson, haut buisson, demi tige, pleureur, grimpant (petit ou grand), et enfin le rosier liane. Le facteur important àconsidérer est le volume du rosier par rapport à ce qui pousse autour de lui : des plantes vivaces, d’autres buissons, ou bien si le rosier est planté en isolé sur une pelouse. Dans ce dernier cas, par exemple, on recommande de le planter par groupes de trois ou cinq exemplaires pour un meilleur effet

Et le port du rosier lui même est extrémement important, et, en particulier, la souplesse de ses branches et leur longueur.Les photos ci-dessous présentent quelques exemples de rosiers en pergola. Le rosier de gauche, ‘Pink Cloud’, est beaucoup trop petit pour cette pergola de trois mètres de haut. Ce n’est pas parce qu’il est jeune car d’autres rosiers du même âge ont déjà formé un arc de cercle au dessus de la pergola. Il n’est tout simplement pas programmé pour pousser aussi haut. Par contraste, le rosier de la photo du milieu, ‘Apple Blossom’ est parfaitement à son avantage. Mais à droite,‘Madame Alfred Carrière’ peut prêter à discussion. Il est si exubérant et difficile à draper que l’effet rendu est toujours un peu fouillis. Mais certains trouveront que cela lui donne encore plus de charme, et ses roses sont si jolies !

Et il faut également décider, bien sûr, si l’on souhaite absolument un rosier remontant ou si l’on accepte un rosier non remontant, c’est à dire qui ne fleurira qu’une seule fois… Nous n’insistons pas sur ce critère, largement discuté par ailleurs dans ce blog. Il peut être dommage, si l’on a quand même un peu de place à leur consacrer, de se priver de la magnifique floraison des rosiers non remontants. Ci dessous, ‘Wedding day’ et ‘François Juranville’.

‘Wedding Day‘ (blanc) et ‘François Juranville’ (rose)

Un rosier pour le jardinier

Et il ne faut pas oublier non plus le jardinier, qui va passer du temps à soigner les rosiers et à les attacher. Il est prudent d’intégrer dans notre choix quelques contraintes de gestion :
Il s’agit d’évaluer honnêtement le minimum de soins requis pour le rosier choisi. A chaque saison, il y a un peu de travail à faire sur les rosiers : en hiver (la taille d’hiver), au printemps (fin juin, un peu de nettoyage des fleurs fanées, et souvent, désherber le pied des rosiers), en été (la taille des rosiers non remontants que l’on n’aura pas taillé en hiver, pour préserver leur floraison de printemps), en automne enfin, le palissage des rosiers grimpants et lianes. Faute de ces soins essentiels, le rosier ne réalisera pas son potentiel.

Tout dépend donc du temps que le jardinier peut rendre disponible, et aussi de son savoir faire. La difficulté relative d’entretien des rosiers croît avec leur taille, et tout simplement déjà pour des raisons d’accès. Attention donc aux pergolas et autres grimpants pour ceux qui n’aiment pas les échelles car il faut absolument attacher les nouvelles pousses. Un rosier grimpant bien fourni peut facilement demander une demi-journée de travail deux fois par an, et quelques séances de nettoyage après floraison. Et n’espérez pas gagner du temps en ne le taillant que tous les deux ou trois ans, c’est l’inverse qui se passera car la taille sera beaucoup plus compliquée. Et si on omet l’exercice une année, le rosier n’en souffrira pas, mais il ne sera pas forcément très joli à regarder et certaines branches risquent d’être cassées par l’orage. Les choses rentreront dans l’ordre dès la taille suivante.

Les deux photos ci-dessous présentent un petit grimpant, ‘New Dawn’, qui est un bon sujet pour commencer. Il est si vigoureux que rien ne l’abattra. En revanche, en le taillant et en observant comment il pousse, vous comprendrez vite comment procéder ( à gauche, avant la taille d’hiver, au centre, après la taille). 

Et voici ‘Aimée Vibert’ , un rosier un peu plus difficile car il produit tant de pousses du pied qu’il peut décourager celui qui est chargé de le draper. Cependant il ne présente aucune difficulté une fois les pousses attachées.

Rosier ‘Aimé Vibert

Pour vérifier son choix, il est vraiment utile d’aller chaque fois qu’on le peut regarder ‘in situ’ les roses que l’on a choisies dans un catalogue. Pour cela, les roseraies de votre région sont idéales, si possible en juillet, après la première belle floraison et quand les maladies attaquent, ainsi qu’en octobre, quand seuls les rosiers les plus courageux fleurissent encore. Vous ferez des découvertes !

En région parisienne, les roseraies de Bagatelle et de l’Haÿ les Roses, à Lyon, la roseraie du Parc de la Tête d’Or, à Rennes, le parc du Mont Thabor, et beaucoup d’autres. Outre le plaisir de leur visite, ces roseraies sont particulièrement utiles pour l’amateur tant le choix qu’elles offrent est grand. Sans compter que si vous prenez le temps de regarder, vous découvrirez mille astuces utilisées par les jardiniers pour conduire et attacher les plus récalcitrants.

Un rosier … pour ses roses !

Et une fois passés en revue tous ces critères bien raisonnables, on peut simplement choisir des rosiers parce qu’on aime leurs roses ! Certains jardiniers ne jurent que par les roses ‘anciennes’, d’autres n’aiment que les polyanthas, d’autres enfin les botaniques.

Pour ma partie les aime toutes et nous avons planté des roses pour tous les goûts au Jardin des Merlettes, afin que chacun puisse s’entraîner sur les variétés qu’il préfère.

  • La famille de rosiers : ‘anciens’ versus ‘modernes’, les botaniques, des roses ‘thé’ ou des Noisettes…
  • Les critères horticoles : par exemple, la forme des fleurs, en coupe, globuleuse, turbinée,… de leurs pétales ainsi que leur nombre, simple ou centifolia, la floribondité, le port du rosier lui même, et aussi des roses, et même la façon dont elles fanent, qui peut être très jolie ou totalement disgracieuse, comme la rose ‘Sénégal’, montrée ci dessous.
  • Des qualités particulières : le parfum, bien entendu, mais aussi des qualités auxquelles on ne pense pas d’abord. Par exemple, le fait de pousser en mi-ombre. C’est le cas de ‘Alister Stella Gray’, un rosier Noisette qui s’accommode bien d’une ambiance de sous bois aéré. Parmi d’autres critères, on peut également penser à la tenue de la fleur en bouquet dont ‘Mme Meilland’ détient la médaille d’or !
  • Et enfin, les roses que l’on aime parce qu’elles font partie de notre histoire personnelle. Chacun a des souvenirs liés à telle ou telle rose dont le nom évoque un proche, un ami, un souvenir agréable.
Rose ‘Sénégal’

Voici ci-dessous, quelques unes de nos roses préférées : le ‘Rosier évêque’ pour sa couleur, ‘Mme Butterfly’, pour ses pétales turbinés et son parfum, ‘Chinensis mutabilis’ pour sa grâce….

Il ne vous reste plus qu’à vous mettre au travail. Vous allez sans doute découvrir qu’une fois choisis vos critères, le nombre de rosiers ‘éligibles’ pour votre petit coin de paradis se réduit étonnamment. Mais le résultat sera à la mesure de vos efforts de recherche. Vous êtes peut-être surpris par toutes ces précautions que je viens de décrire pour choisir vos rosiers. Mais je vous garantis que chacune d’entre elles est nécessaire. Comme dans d’autres disciplines qui font appel à nos sens artistiques, lorsque le résultat est réussi, tout paraît simple et on a tendance à minimiser le travail qui a précédé. Le visiteur en tous cas n’en saura rien.

Rendez vous bientôt au jardin, pour une visite commentée de la roseraie.

S1 E12 Podcast : les beaux rosiers de l’été III : les rosiers grimpants

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Nous vous présentons nos rosiers grimpants préférés qui fleurissent tout l’été, et plutôt même jusqu’aux gelées. D’abord quelques conseils pour bien les soigner et leur permettre de grimper aussi haut que possible pour leur variété. Et leur permettre aussi de refleurir. Choix des supports, taille d’hiver, taille d’été et palissage des jeunes pousses. Autant de gestes techniques indispensables. Et puis notre florilège de rosiers roses, écarlates, jaunes et abricot ainsi que de rosiers blancs. Des valeurs sûres qui vous raviront.

S1 E11 Podcast : les beaux rosiers de l’été II : les rosiers haut buisson, demi tige et pleureurs

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Beaucoup plus grands que les rosiers de parterre, les rosiers hauts buissons, tige et pleureurs constituent des éléments très décoratifs dans un jardin. Ce podcast présente une sélection de ces rosiers parmi ceux qui sont bien remontants, fleurissant de juin aux gelées. ‘Salet’, Blossom Time’, ‘Sénégal’, ‘Elizabeth Stuart’ et ‘Chinensis Mutabilis’ figurent parmi nos favoris. Ils ne se ressemblent ni par la forme de leurs fleurs, très variée, ni par leur couleur, ni par leur port mais offrent tous de grandes qualités par la régularité de leur floraison, l’abondance et la beauté de leur fleurs.

S1 E10 Podcast : Les plus belles roses de l’été I – Les buissons de parterre

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Pour le jardinier qui souhaite un jardin fleuri toute l’année, il est très important de bien choisir les caractéristiques des plantes qu’il choisit. Ceci est particulièrement important pour les rosiers car un grand nombre d’entre eux ne fleurissent pas pendant l’été. Outre ceux qui ne refleurissent pas du tout après le mois de juin, un grand nombre de rosiers ne produisent pas de fleurs en juillet et en août.
Cette mini série de podcasts propose une sélection de rosiers qui fleurissent abondamment pendant l’été. Cette première partie présente les rosiers buissons de parterre, un prochain épisode présentera les hauts buissons, à planter en isolé ainsi que les rosiers tiges et pleureurs. Un troisième et dernier épisode présentera les rosiers grimpants et abordera la question du parfum des roses.

Et si l’envie vous prend de pousser plus loin dans la taille de vos rosiers en été, venez assister à notre stage de fin de printemps spécialement dédié aux rosiers non remontants.

S1 E3 Podcast : La taille des rosiers en été

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Rosier Moyesii ‘Geranium’

Ce podcast explique pourquoi on doit tailler les rosiers en été, quels rosiers tailler et comment. Et bien sûr, on vous parle des gourmands qui intriguent tant de jardiniers.
Les rosiers ont une réputation de rusticité et c’est souvent le cas. Mais pour un résultat optimum, il faut s’occuper d’eux plus souvent qu’une fois par an. Rien de bien compliqué et nous vous proposons quelques repères pour vous aider et vous assurer une floraison digne de votre jardin.
Il y a deux stratégies bien différentes selon les rosiers auxquels on a affaire. Sur les rosiers remontants : on se contente de supprimer tailler les fleurs fanées et les fruits éventuels. En revanche, sur les rosiers non remontants, la taille que l’on va effectuer est la taille principale de l’année.

Et pour mieux tailler vos rosiers en été, pensez à vous inscrire au stage qui leur est spécialement dédié.

S2 E3 Podcast : Soigner les arbustes III – Choisir les arbustes pour son jardin

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Ce troisième podcast consacré à la culture des arbustes d’ornement propose quelques conseils pour choisir les espèces à planter. Connaître les conditions édaphiques de son jardin et évaluer le niveau de difficulté d’entretien de l’arbuste choisi par rapport à la disponibilité du jardinier et à son savoir-faire. Sur la façon de choisir les arbustes, deux pistes de réflexion : regarder d’un œil neuf les arbustes qu’on connaît et choisir quelques arbustes plus originaux. Pour l’automne, de beaux coloris de feuillages et/ou une fructification remarquable. Pour l’hiver, on va rechercher des belles écorces et des feuillages persistants. Pour le printemps, des floraisons superbes et pour l’été, des couleurs vives et des parfums pour les belles soirées. Quelques exemples.

S2 E2 Podcast : Soigner les arbustes II – La Taille

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Comment tailler les arbustes pour les mettre le mieux en valeur ? Trois critères permettront d’éviter les erreurs importantes : le mode de croissance de l’arbuste, la façon dont il fleurit et la saison de floraison. Une fois ces caractéristiques observées et répertoriées, il est facile de ‘raisonner’ la taille des arbustes de son jardin en termes de mode d’élagage mais aussi de calendrier. Une fois de plus, c’est la plante qui guide le jardinier. Un système assez facile et très efficace.

S2 E1 Podcast : Soigner les arbustes I – Le contexte

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Laurier rose (blanc) devant le Taj Mahal

Les arbustes sont d’une importance capitale pour la beauté d’un jardin car ils lui apportent de la structure et modèlent son volume. Ils font partie des végétaux les plus faciles à entretenir. Malheureusement on a tendance à les oublier un peu et leur beauté n’est pas toujours mise en valeur. Alors, ils périclitent. Or il suffirait de consacrer un peu de temps et de soins à chacun pour que leur attrait s’en trouve considérablement augmenté. Quelques conseils préalables pour celui qui envisage d’installer des arbustes dans son jardin.