17 décembre 2022 : nouvel article de blog et son podcast

Nous avons mis en ligne récemment sur le site un article consacré à la taille d’hiver des arbres fruitiers palissés, un sujet qui rend quelques jardiniers perplexes. Juste quelques idées pour vous inciter à essayer car la satisfaction qu’on retire de la vue d’un bel arbre vaut bien quelques efforts !
Et depuis hier, pour ceux qui n’ont pas trop le temps de lire, nous avons également mis en ligne le podcast qui reflète l’article… et qui vous donnera peut être envie d’aller regarder les images.

Joyeuses fêtes !

Blog 2022 12 : La taille d’hiver des arbres fruitiers palissés

Écouter le podcast

Le mois de mars ouvre la saison des tailles au Jardin des Merlettes. La taille d’hiver est une étape très importante pour les arbres fruitiers palissés.
Pourquoi tailler en mars, plutôt qu’en janvier ou février ? S’il ne gèle pas, on peut tailler pendant toute la saison d’hiver. Tout dépend du nombre d’arbres que l’on doit tailler. Pour ne pas imposer de fatigue inutile aux arbres, il vaut mieux tailler les arbres à pépins avant l’éclosion des boutons floraux (un stade appelé E par les arboriculteurs, comme sur la photo ci-dessous), c’est-à-dire, en Puisaye, avant la mi-avril. Que ce soit pour les formes libres (de plein vent) ou les formes palissées, la taille d’hiver se préoccupe de la structure de l’arbre : formation, raccourcissement annuel ou rénovation plus importante, voire élagage. La taille d’été, effectuée éventuellement en plusieurs fois, se concentrera sur la mise à fruits. Contrairement à ce que croient la plupart des gens non initiés, la taille des arbres fruitiers ne correspond pas à un acharnement mais à une nécessité. Pour plus d’information à ce sujet, nous vous référons à notre podcast de mai 2019

Cordon horizontal unilatéral Reinette Blanche du Vina

La taille régulière annuelle

Les jardiniers s’inquiètent souvent de la difficulté supposée de la taille des arbres palissés. Mais cette taille n’est pas du tout si compliquée que l’on croit. Il faut simplement respecter quelques étapes. C’est ce que l’on examine en détail durant les deux jours du stage de taille d’hiver des arbres fruitiers palissés que nous proposons au jardin en début de printemps chaque année.

Voir le stage de taille d’hiver des arbres fruitiers palissés

La première étape consiste à bien comprendre ce que l’on va faire : pourquoi et quels éléments tailler ? La réponse à ces questions conditionne la façon de tailler. Pour une taille renouvelée régulièrement tous les ans, on cherche simplement àrapprocher les branches autour d’une certaine forme de charpente. Une grande partie du travail consistera donc à réduire chaque coursonne pour canaliser la vitalité de l’arbre vers les organes productifs. Une autre étape consiste donc à savoir reconnaître chaque organe de l’arbre fruitier que l’on va tailler. Et pour la troisième étape on réfléchit aux possibilités d’évolution de chaque organe identifié : ceux qui deviendront du bois et formeront des rameaux, ceux qui se transformeront en boutons à fruits, et ceux qui végèteront peut-être. Quand tout cela est reconnu et trié, on peut tailler.

Il s’agit donc d’un processus analytique, assez lent au départ, le temps d’acquérir le coup d’oeil . Une fois que l’on a compris la méthode, le coup de main vient assez vite. Et bien sûr, mieux un arbre a été taillé l’année précédente, plus il est simple à tailler, surtout si une taille d’été a également été effectuée.

La forme la plus simple : le cordon

Le cordon est la forme la plus simple à tailler car il s’agit de former une branche charpentière toute droite. On procède doucement, en laissant ces branches charpentières s’allonger peu à peu. Pour cela, on taille chaque année leur extrémités, aussi appelées “prolongements”, de façon à ne garder chaque année qu’une volée de bourgeons. L’emplacement des bourgeons le long d’une branche suit en effet un schéma bien précis, toujours le même pour une même variété. Pour le pommier par exemple, ce schéma est hélicoïdal, comme un escalier à vis. Entre un bourgeon situé face à vous sur la branche et le suivant placé de la même façon, il y en a 4 à 6 autres. Observez vos arbres, vous reconnaîtrez vite ce schéma. Cet arrangement géométrique spécifique des bourgeons le long de la branche s’appelle la phyllotaxie.

L’objectif de la taille annuelle est d’installer une forme “en arêtes de poisson”, c’est-à-dire d’obtenir qu’à tour de rôle, une coursonne pousse sur la droite du cordon, puis une autre à gauche, pas de coursonne sur le dessus du cordon, et pas de coursonne en dessous. Comme l’implantation des bourgeons le long de la branche répond toujours à la même géométrie, le fait de choisir toujours un bourgeon orienté de la même façon à droite puis à gauche résulte en un écartement des coursonnes qui reste sensiblement le même tout au long du cordon. Cette régularité constitue un élément esthétique important dans la taille des arbres fruitiers.

Pour nous assurer que ce processus analytique est bien compris, nous demandons pendant nos stages à chaque élève tour à tour d’expliquer ce qu’il voit et pourquoi il propose telle ou telle solution. Plusieurs alternatives sont souvent possibles. Une fois que la taille est effectuée, on vérifie les liens tout le long du cordon car celui-ci a augmenté de diamètre depuis la taille de l’année ou de l’été précédent. Et on finit en raccourcissant les prolongements des charpentières. L’exemple ci-dessous montre la taille d’un pommier ‘Reine des Reinettes Bonnin’ conduit en cordon simple bilatéral.

Le résultat peut sembler un peu dépouillé; pourtant, dès le mois de septembre, on constate que l’arbre a une belle vigueur et que nos efforts ont porté leurs fruits. Les arbres palissés du Jardin des Merlettes ont été plantés en novembre 2006 et les formes en cordons simples ou multiples portent maintenant régulièrement des fruits. Les formes en fuseaux sont encore en formation mais portent des fruits dans la partie inférieure des arbres comme ci-dessous, ce poirier ‘Beurré Hardy’.

Fuseau Beurré Hardy

Des formes un peu plus difficiles : croisillons, U et palmettes

Pour ces formes, la difficulté provient de la nécessité de créer des angles : il faut donc tailler les charpentières de façon à ce qu’elles produisent des pousses dans la direction nécessaire. Une fois les pousses obtenues, on attache soigneusement les jeunes branches en les dirigeant simplement avec un lien souple (du raphia par exemple) pour installer la forme. On reviendra plusieurs fois pour ajuster la forme peu à peu en resserrant le lien, à l’occasion  de la taille d’été par exemple. Mais on attendra que le bois soit bien aoûté l’été suivant pour utiliser un lien rigide.

Pour chaque forme, tri croisillon, cordon à plusieurs étages ou palmette, il faut anticiper la pousse de l’année et comprendre comment l’arbre va évoluer. Dans certains cas (photo ci dessous, au milieu), on pratique une taille d’attente car on n’installera un étage supérieur que lorsque l’étage inférieur aura achevé sa pousse.

Comme pour les formes en cordons, on ne laisse les branches charpentières s’allonger que d’une vingtaine de centimètres au plus chaque année. Si, pour les cordons horizontaux on enlève les rameaux sur et sous le cordon, pour les cordons verticaux, il faut supprimer les rameaux qui poussent soit sur le devant, soit sur l’arrière des branches. Ces précautions permettent aux coursonnes latérales de s’installer du haut en bas des branches charpentières et d’assurer ainsi une bonne production fruitière avec un fruit tous les 15 cm environ. Un arbre palissé se construit tout doucement, entre 10 et 15 ans pour la majorité des formes. Quand on choisit une forme fruitière, il faut donc prendre en compte le temps que l’on peut accorder à l’établissement des arbres. Quelques formes assez faciles sont présentées en détail sur notre site, sur la page consacrée à notre verger palissé.

Ces différentes formes fruitières ne sont pas le fruit du hasard mais ont été conçues sur la base des observations des jardiniers. En particulier, je vous propose de réfléchir un moment à la façon dont la sève circule dans nos arbres fruitiers. Je dis souvent aux stagiaires que, contrairement à ce qu’ils croient, ils ne suivent pas un stage de jardinage mais une formation de plombier. Certes, on n’a pas affaire à des tuyaux de cuivre mais c’est bien de la bonne répartition des liquides que l’on appelle sèves que va dépendre la bonne santé et la croissance de l’arbre… et sa capacité à porter des fruits. L’arbre puise ses ressources dans le sol et la sève dite brute (eau et sels minéraux) est conduite jusqu’aux extrémités de la plante où, dans ses feuilles, se produit la photosynthèse et la transformation de la sève brute en sève élaborée qui se répartit dans tous les organes de l’arbre en redescendant. Or toutes les parties de l’arbre ne reçoivent pas un flux de même débit. Dans beaucoup de cas, et en particulier pour les arbres fruitiers, plus une branche est érigée, plus elle va recevoir un flux important de sève, un peu comme un jet d’eau qui jaillirait du sol. La plante pousse alors, c’est-à-dire qu’elle produit du bois. Mais de fruits, point ! Pour obtenir des fruits, il faut que le flux de sève soit ralenti, ce qui est le cas dans les branches secondaires (les coursonnes) ou lorsque les branches principales sont arquées à 60 ou 45 degrés environ (les croisillons), ou même à l’horizontale, en cordons. C’est aussi pour répondre aux exigences des flux de sève dans les arbres que les formes fruitières ne comportent JAMAIS de branches orientées vers le bas mais toujours vers le haut, même si la pente est très faible.

La taille de formation des jeunes arbres

La taille de formation vise à établir la structure de la charpente. Durant cette étape très importante, on recherche l’équilibre de l’arbre et la formation de branches trapues. On les taille sévèrement chaque année pour leur permettre de se renforcer et de se couvrir de coursonnes comme nous venons de le décrire. Nous présentons ci-dessous l’exemple de la formation d’un gobelet de pommier ‘Reinette du Grand Faye’. Le scion a été étêté au printemps suivant sa plantation. Trois branches se sont développées à partir des trois bourgeons supérieurs. Elles ont été taillées de nouveau très court au printemps suivant. Et des rameaux se sont développés dans le prolongement de ces axes pour atteindre environ 60 cm à l’automne. Chacune de ces branches est de nouveau raccourcie au printemps suivant.

Ces première tailles sont décisives pour le devenir des arbres fruitiers. Elles sont rapides à effectuer car chaque arbre ne requiert que quelques coups de sécateur. Mais chacun d’eux est important. Il faut choisir soigneusement la hauteur ou la longueur de chaque rameau et le bourgeon sur lequel tailler. La principale erreur à éviter est d’aller trop vite ou de se placer sur le côté de l’arbre. Pour choisir l’oeil sur lequel tailler, il est préférable de se placer face à l’axe de la branche que l’on est en train de tailler. Faute de pratiquer ainsi, on fait des erreurs difficiles à corriger par la suite, comme dans le cas de l’abricotier montré ci-dessous.

Conséquence d’une erreur lors d’une taille de formation

La taille de régénération des arbres palissés âgés

C’est probablement la plus difficile des tailles : reprendre des arbres palissés qui ont été abandonnés quelques années. Pour régénérer des arbres fruitiers de plein vent, on procède à une réduction de couronne ou à un éclaircissage, ou une combinaison des deux et on arrive rapidement à une restructuration de l’arbre. 
Pour les arbres palissés, le problème est plus complexe. Il s’agit en effet de rétablir une forme donnée et là encore, il faudra procéder par étapes : commencer par un diagnostic de vitalité de l’arbre, puis recenser les éléments de l’arbre sur lequel on pourra s’appuyer et enfin, pour les cas les plus difficiles, établir un programme de taille sur deux ou trois ans.

Diagnostic de vitalité et recensement des organes

Certains arbres ne peuvent pas être rétablis dans une forme palissée. Par exemple, si trop de coursonnes ont disparu le long des branches. Et s’il reste un peu de végétation, il faut vérifier qu’elle part bien au dessus de la greffe, sinon, on risque de reformer… un franc ! Autant remplacer ces arbres rapidement. La photo de gauche ci-dessous présente un arbre dont le tronc est très abîmé, et dont la sève ne circule plus. L’arbre du milieu a perdu toute vitalité et il vaudrait mieux l’arracher. En revanche, la photo de droite présente un arbre très ancien, certes, mais qui porte de nombreuses coursonnes et qui sera encore bien productif. Il suffit de le tailler annuellement soigneusement, en veillant à laisser assez de bois jeune, les brindilles par exemple, et d’éclaircir soigneusement les fruits pour laisser des ressources à l’arbre pour pousser. Et on veillera à protéger les nouvelles pousses spontanées qui seraient bien placées et donc pourraient servir à compléter la structure.

Taille de régénération

On ne peut régénérer de façon satisfaisante que les arbres dont la structure apparaît encore clairement. Certains cas sont faciles, l’arbre a simplement trop poussé et il suffit de supprimer les branches superflues. Très vite, on retrouve la forme. A condition de pratiquer une légère taille d’été, l’arbre portera de nouveau des fruits au bout d’un an ou deux. Il est également recommandé de restaurer le palissage sur le mur. Un travail un peu fastidieux mais très efficace pour soutenir l’arbre… et pour le rendu esthétique !

Mais, c’est parfois un peu moins simple. La photo ci-dessous montre un cas fréquent d’arbre très vigoureux qui a poussé tout en hauteur et a perdu ses coursonnes sur toutes les branches du bas. Les rameaux en hauteur sont des gourmands improductifs. Il ne suffit pas de les couper car ils repousseraient de plus belle, telle une brosse. Vigueur et fructification ne font pas bon ménage en arboriculture fruitière. Il faut donc reprendre la taille assez doucement pour que l’arbre ne réagisse pas en produisant des fagots de bois ! Le meilleur moyen est d’étaler le programme de taille sur deux ou trois saisons.

Taille de régénération plus difficile

Une taille régulière et bien conduite, c’est à dire progressive, permettra à l’arbre de porter de nouveau des fruits, mais il ne sera pas possible de revenir à la structure ordonnée d’un arbre qui a été régulièrement taillé et soigné. Tailler un arbre palissé n’est pas difficile mais demande un peu de patience et beaucoup de persévérance. Le résultat est à la hauteur du soin apporté et il y a peu de choses plus jolies dans un jardin qu’un arbre palissé couvert de fruits. S’il est nécessaire de vous en convaincre, voici pour finir une photo prise au Potager du Roi, à Versailles. Difficile de faire mieux.

Poirier palissé au Potager du Roi, à Versailles

25 novembre 2022 : c’est le moment de planter !

Si vous n’avez pas le temps de lire l’article du blog, nous avons mis en ligne un podcast avec nos recommandations. Planter, c’est sérieux au Jardin des Merlettes !

Écouter le podcast ‘Planter à la Sainte Catherine’

Et pour ceux qui ne les auraient pas repérés, nous avons également mis en ligne deux podcasts sur la taille de formation des arbustes, fruitiers et d’ornement :

Écouter le podcast sur la taille de formation des arbustes et fruitiers à pépins

Écouter le podcast sur la taille de formation des arbres fruitiers à noyaux

27 octobre 2022 : dernière ligne droite avant les plantations

Novembre est bientôt là et (peut être) des températures plus froides. C’est ce qu’attendent nos jardins pour se mettre au repos. Il sera alors temps pour les pépiniéristes de préparer nos commandes et pour nous de creuser, amender, planter et haubaner. Et aussi de tailler.
Car bien peu d’arbustes, et surtout pas les arbres fruitiers nous arrivent ‘prêts à planter’. Vous choisirez si vous souhaitez agir dès maintenant ou attendre que l’arbuste se soit installé (en mars prochain) mais une première taille de formation est en général bien nécessaire. C’est ce qu’on vous raconte dans notre dernier blog. Et pour ceux qui préfèrent écouter, on a enregistré le podcast : c’est ici !
Cette semaine, on parle des arbres à pépins. Le prochain épisode abordera la taille de formation des arbres à noyaux.

Bonne lecture /écoute. Mais, s’il vous plaît, prenez un instant pour nous laisser un commentaire : trop court, trop long, trop difficile ou au contraire, trop ras des pâquerettes ? D’autres sujets que vous aimeriez que nous creusions ? Vous êtes nombreux à écouter nos podcasts dès les premiers jours mais vous ne nous dites rien, c’est dommage. Et si vous ne souhaitez ps laisser un commentaire public, vous pouvez nous envoyer un message.

Alors, à bientôt !

Blog 2022 10 : la taille de formation des arbres fruitiers : simple, indispensable et complètement oubliée

Écouter les podcasts

Planter un nouvel arbre fruitier est toujours un bonheur pour un jardinier. Après la visite chez le pépiniériste ou dans une fête des plantes, ou à l’arrivée du paquet, on se dépêche pour planter son arbre au jardin. On l’installe dans son trou de plantation (avec une poignée d’orties), on le haubane, on l’arrose, on se réjouit en pensant aux futures récoltes et aux confitures et conserves qui s’ensuivront… et on l’oublie.
Trois ou quatre ans plus tard, le petit arbre a bien grandi et il fait la fierté de ses propriétaires, ravis de le voir si bien pousser… Selon les cas (voir plus bas), il est devenu bien touffu ou au contraire ses branches se sont allongées démesurément. La première récolte survient et soudain, faute d’une taille de formation appropriée, les choses vont commencer à se compliquer. En effet, tel qu’il s’est développé naturellement, l’arbre est mal préparé à porter de lourdes récoltes et celles ci vont l’abîmer année après année. La situation est très différente selon le mode végétatif des arbres mais, dans tous les cas, une taille de formation bien conduite permet d’éviter la plupart de ces problèmes. Par ‘taille de formation’, par opposition à ‘taille de fructification’, ‘taille d’entretien’ ou ‘taille de régénération’, on entend la taille conduite pendant les premières années d’un arbre et qui vise à bien établir sa charpente.

La taille de formation des arbres à pépins : renforcer la charpente et former des coursonnes

Quelques indications pour le tout début de la formation de l’arbuste fruitier :

Tout d’abord : Bien choisir la hauteur du tronc
Le jardinier l’oublie souvent, mais beaucoup d’arbres peuvent être taillés de façon à modifier leur hauteur. La seule chose à respecter est le point de greffe. Il faut bien entendu toujours tailler au dessus de ce point, sinon, on se retrouve avec un porte greffe seul, un sauvageon par exemple,… et non plus avec la variété greffée. Une fois déterminée par cette première taille, la hauteur choisie pour le tronc sera définitive. Il faut donc bien réfléchir au départ, car on ne peut choisir qu’une seule fois !
Donc, lorsque votre jeune arbuste fruitier arrive dans votre jardin, il vous appartient de déterminer à quelle hauteur vous voulez voir se développer des branches charpentières. L’arbuste que vous avez acheté a bien souvent déjà développé quelques branches, mais rien ne vous empêche de revenir en arrière et de raccourcir en mars le tronc à la hauteur voulue. L’arbre reprendra de plus belle si vous avez pris le soin de planter en novembre, de façon à ce que les racines s’établissent tranquillement.
On peut choisir entre la cépée (photo de gauche), la basse tige (au centre) ou la haute tige (à droite).

Deuxième recommandation très importante : être attentif à l’orientation des branches
La direction de la branche qui pousse à la suite d’une coupe est entièrement déterminée par l’orientation de l’oeil sur lequel la coupe est réalisée. Si l’on se trompe d’oeil, la branche poussera dans une direction non désirée. La photo ci dessous montre le résultat d’une telle erreur. 

Lors des stages au Jardin des Merlettes, les participants apprennent donc à bien se positionner face à la branche à couper, la meilleure façon d’éviter ce genre d’erreur. On se place exactement dans l’axe de la branche que l’on souhaite tailler ce qui permet de déterminer facilement l’angle de chaque oeil et de choisir le plus approprié pour la forme que l’on souhaite. Le rattrapage d’une mauvaise taille de formation est difficile, hasardeux… et long, alors il faut bien prendre son temps avant le coup de sécateur décisif.

3ème règle de base : Ne pas laisser trop de charpentières
Puisque l’on est en train de monter une charpente, il convient d’anticiper la pousse des branches qui existent et prévoir que chaque branche va grossir de façon considérable. Il lui faudra de la place pour bien se développer sans gêner les branches voisines. Les photos ci-dessous montrent un arbre en gobelet qui comprenait 9 branches charpentières. On en a enlevé 4 pour en laisser 5. Chaque branche a ensuite été raccourcie.

Voici un autre exemple, sur un jeune poirier : dans ce cas encore on supprime quelques branches et on raccourcit les autres pour leur permettre de se renforcer. En effet, si on laisse les branches s’allonger trop vite, elles seront trop frêles pour porter les fruits. Chaque hiver, on raccourcit donc pour ne conserver que 15 à 20cm de la pousse de l’année précédente. Le renforcement des branches est très considérable d’une année sur l’autre. On passe d’une branche qui a la taille d’un crayon de papier à la taille d’un pouce, puis d’un manche à balai. Ceci bien sûr, à condition d’avoir bien raccourci la branche chaque printemps.

Il ne faut pas craindre que l’arbre soit dégarni. C’est vrai qu’il semble un peu ‘déplumé’ après cette taille, mais la pousse lors du printemps suivant est spectaculaire… et ainsi bien conduite. C’est une vraie preuve que la taille des arbres fruitiers ne correspond pas à une logique d’acharnement de la part d’un jardinier trop zélé mais à une nécessité pour le développement harmonieux de la charpente de l’arbre.

Faut-il laisser un jeune arbre porter des fruits ?Un vrai dilemme pour le jardinier
On cherche à conduire un arbre pour lui donner une forme adaptée à un certain usage. Parfois, cet objectif nous oblige àfreiner nos envies de goûter les fruits dès les premières années. En effet, on aurait tendance à laisser venir les premiers fruits où qu’ils soient situés, c’est-à-dire, même en bout de branche. C’est pourtant une erreur à éviter absolument. En effet lorsque le fruit vient à mâturité, il se forme sur la branche, au bout du pédoncule, une boursouflure que l’on appelle une bourse. Celle-ci agit comme un filtre sur la sève de l’arbre. Or, lorsque le fruit est cueilli, la bourse reste (photo ci-dessous).
Tous les arboriculteurs ne sont pas d’accord sur l’effet de ces bourses sur les récoltes suivantes : certains disent que les fruits obtenus sur des coursonnes qui portent ces bourses sont particulièrement délicieux, d’autres, en revanche, les trouvent rabougris. Nous n’avons pas trouvé d’étude statistique solide sur le sujet mais constaté fréquemment que la présence d’une bourse ralentit la pousse de la branche. S’il s’agit d’une charpentière, on comprend donc que la présence d’une bourse est indésirable. Il vaut donc mieux ne pas laisser venir de fruit aux extrémités des branches, et pour cela, la façon la plus efficace consiste à éliminer les fleurs mal placées au printemps (ce qu’on appelle ‘effleurage’).

Bourses

Les étapes successives d’une taille de formation
Les photos ci-dessous montrent la progression sur cinq ans de la taille de formation d’un pommier ‘Reine des reinettes Bonnin’ conduit en cordon simple bilatéral. L’allongement des branches est très progressif d’une année sur l’autre. On souhaite en priorité former des charpentières fortes (les cordons) et, en examinant les points de coupe des années successives, on constate que le diamètre de ces branches forcit d’année en année. On cherche ensuite à favoriser le développement de coursonnes bien établies et réparties régulièrement (environ une tous les 15 à 20 cm) sur les deux côtés latéraux (droite ou gauche) des branches, mais ni dessous ni dessus. Ce sont ces coursonnes qui porteront les futurs fruits, un ou deux selon leur force, mais pas plus.

Et voici le résultat, à l’été de l’année 5 :

Année 5 (automne) : les fruits !

Comme pour les autres stages organisés par le Jardin des Merlettes, les stages de taille des arbres fruitiers ont lieu au moment où les tâches doivent étre effectuées. Il y a donc plusieurs stages. Nous vous proposons de démarrer par un stage de taille d’hiver, d’arbres en formes libres ou palissées, selon ce que vous avez dans votre jardin puis, lorsque vous avez pris un peu d’assurance et commencez à connaître vos arbres, vous pouvez vous essayer à la taille en vert .

Voir le stage de taille d’hiver des arbres fruitiers à pépins de haute tige
Voir le stage de taille d’hiver des arbres fruitiers palissés
Voir le stage de taille ‘en vert’ des arbres fruitiers

Quels arbres faut-il ainsi former ?

Les exemples ci-dessus se rapportent à des arbres formés sur des palissages et que l’on suit très soigneusement d’année en année. Cependant, ces mêmes principes s’appliquent également aux arbres de haute tige, en forme dite ‘libre’. Pour eux aussi il est important de prévoir une structure solide et donc d’éliminer les branches charpentières en surnombre dès les premières années. Et un raccourcissement les deux ou trois premières années des branches que l’on aura décidé de conserver leur permettra de se renforcer et de supporter ainsi plus facilement, c’est à dire sans étai, le poids des futures récoltes.
On taillera donc ainsi les pommiers et les poiriers, mais aussi les cognassiers qui s’y prêtent d’ailleurs très bien, comme on le voit sur la photo ci dessous.

Jeune cognassier

Même les néfliers, dont les fruits sont pourtant plus légers , ont besoin d’une taille, au moins occasionnelle. Elle sert à éclaircir leur charpente de temps en temps, comme on le ferait pour un arbuste d’ornement. Faute de cela, l’arbuste ploie facilement sous le poids des fruits (ci dessous).

Néflier

Lorsqu’un arbre n’a pas été taillé dans les années suivant sa plantation, il développe une ramure trop dense, voire parfois enchevêtrée, et qui finit par l’étouffer. Les branches s’entrecroisent, le vent et le soleil n’arrivent plus au centre des branches, les maladies cryptogamiques s’installent. La sanction est une taille de restauration parfois sévére… mais ceci fera l’objet d’un autre article.

2- La taille de formation des arbres à noyaux : garder du bois jeune, près du tronc

Les arbres portant des fruits à noyaux ne repercent pas sur vieux bois
La stratégie de taille à adopter pour les arbres à noyaux est très différente de celle des arbres à pépins car ils ont la particularité de ne pas repercer sur vieux bois. Cela signifie que si une coupe est effectuée sur une branche qui a plus de deux ans, il y a de fortes chances qu’aucun bourgeon ne se forme sur la partie de la branche conservée et que celle ci meure dans les semaines ou les mois suivant la taille. Il faut donc garder du bois jeune partout sur l’arbre et en même temps éviter de s’éloigner trop des charpentières.
Le problème n’est pas aussi aigu pour toutes les espèces de fruits à noyaux. Les pruniers, par exemple, repartent en général assez bien, même sur du bois ancien. A l’inverse, les pêchers ne repercent quasiment pas.
Chaque année, un arbre à noyaux en bonne santé va émettre de nouvelles pousses qui vont mesurer de 40 à 50cm, voire plus d’un mètre pour les cerisiers et les pruniers. Si le jardinier n’y prend pas garde et n’intervient pas pour raccourcir ces nouvelles pousses, l’extrémité des branches va donc s’éloigner chaque année de cette même distance du centre de l’arbre. En trois ans, l’arbre est déjà très dégingandé. La pousse des années suivantes se ralentit, car la sève a un trop long chemin à parcourir jusqu’à l’extrémité des branches. Et les fruits, placés trop loin du tronc sont plus petits et ont moins de saveur.
Voici une photo d’un pêcher laissé à lui même pendant environ dix ans. Il a poussé très en hauteur et offre un faciès ‘en plumet’ car les branches principales qui formaient sa charpente se sont cassées les unes après les autres sous le poids des fruits. Il est maintenant très difficile de reconstituer une nouvelle charpente plus proche du sol car on risque que l’arbre ne reparte pas. Or les fruits sont désormais difficiles à atteindre et il est quasiment impossible de tailler correctement les branches à cette hauteur, sauf à faire des équilibres sur échelles…

Comment tailler ? L’exemple d’un pêcher de plein vent
Il est très important de tailler réguliérement les arbres à noyaux, en particulier les pêchers car leurs branches sont plus souples que celles des arbres à pépins et qu’elles ont tendance à ployer, et souvent, à se rompre sous le poids des fruits.
Pour garder des branches courtes on doit intervenir à différents moments tout au long de l’année :

  • Au début du printemps, au moment de la floraison, pour la formation des arbres jeunes. Cela sert également pour la fructification des arbres plus âgés mais ce n’est pas le propos aujourd’hui.
  • En vert, lorsque les fruits sont bien formés. Vers le mois de juillet, on raccourcit les rameaux au dessus des fruits que l’on a éclaircis pour n’en laisser que quelques uns par branche.
  • S’il faut pratiquer une taille d’élagage et supprimer des branches, fin Juillet. Jusqu’à récemment encore, on recommandait d’effectuer les tailles d’élagage sur arbres à noyaux en octobre ou début novembre, quand la sève est descendue et que l’on ne risque plus de provoquer des épanchements de gomme. Cependant, force est de constater que les arbres cicatrisent beaucoup mieux en été et c’est pour cela que nous avons adapté notre pratique… et changé la date du stage d’élagage des arbres à noyaux. 

Au total, le jardin propose donc trois stages différents pour la taille de vos fruitiers à noyaux. En avril, sur fleurs, la taille de fructification, fin juin, la taille en vert et fin juillet, la taille de rénovation.

Voir les stages de taille des arbres fruitiers à noyaux

Voici des photos des étapes de la formation d’un jeune pêcher :

Au bout de cinq ans, voici à quoi le pêcher ressemble :

Mais voilà, même avertis,  nous ne sommes pas toujours assez sévères. La charpente de l’arbre (à gauche, ci dessous) semble bien équilibrée. Pourtant, on l’a laissé s’allonger trop vite et l’une des branches maîtresses n’est pas encore assez solide pour supporter le poids des fruits (photo du milieu). Dès que le poids des fruits a augmenté, il a été nécessaire d’étayer cette branche (photo de droite). En automne, cette charpentière sera taillée à la naissance d’une ramification plus proche du tronc pour éviter cette mésaventure l’an prochain et permettre un nouveau départ et un renforcement de la charpentière.

Le cas des cerisiers haute tige
On le voit ci dessous pour ce cerisier bigarreau Napoléon, les principes sont exactement les mêmes au départ que pour les poiriers ou les pommiers vus plus haut : sélection des charpentières, puis raccourcissement radical chaque année.

Les photos montrées soulignent à quel point il faut être sévère dans ces tailles de formation, et supprimer une grande partie de la pousse de l’année pour vraiment renforcer la base de la charpente. L’exemple ci dessous présente un cerisier pour lequel la taille de formation, bien conduite au départ, a été abandonnée trop tôt. Et l’arbre s’est perdu en branches trop frêles.

Griotte du Nord

Les arbres à noyaux palissés
Même si le résultat semble très différent, la méthode est exactement la même pour ce pêcher palissé : choix et palissage de quelques charpentières que l’on laisse s’allonger progressivement et taille des branches latérales pour les rapprocher du mur. Et le résultat est magnifique. Voici par exemple la mise en place d’un pêcher palissé au Jardin des Merlettes (brugnon blanc) et le résultat au bout d’un an. Certes, on est encore loin des grands pêchers palissés du Potager du Roi, à Versailles, (photo de droite, avant la taille de printemps) mais on est en route…

Et on peut appliquer cette méthode à beaucoup d’autres espèces : abricotiers, cerisiers, et méme : figuiers et plaqueminiers !

Figuiers palissés

3 octobre 2022 : l’automne est là

Ça y est, c’est l’automne et on commence les récoltes de fruits pour lesquelles on a tant travaillé, et celles qu’on n’a pas méritées du tout et qui sont aussi très appréciées dans notre région de forêts, celles des châtaignes et des champignons. Elles s’annoncent bien belles. Au jardin, notre grand châtaignier est couvert de fruits et cette année les fruits sont gros malgré la sécheresse alors qu’ils étaient tout petits l’an dernier où il a tant plu en été… Parmi les châtaigniers plantés il y a 3 ans, deux vaillants (‘Bouche de Bétizac’ et ‘Dorée de Lyon’) font du zèle et portent déjà des fruits.

C’est le moment de préparer les plantations. Octobre sera donc consacré en grande partie aux choix et aux commandes de plantes, quand il pleut, et à la préparation du sol dès qu’on pourra mettre le nez dehors (60 mm de pluie la semaine dernière, on en avait bien besoin). Les livraisons n’interviendront qu’à partir de mi-novembre car on plante à racines nues, au Jardin des Merlettes.

Et le calendrier des stages et formations 2023 est en ligne depuis hier. On verra bien ce que les épidémies et autres calamités nous permettront de faire. Peu importe, on y croit ! En cliquant sur le stage qui vous intéresse, vous ouvrirez la page contenant tous les détails.

À bientôt, au jardin !

S4 E7 Podcast : comment choisir ses rosiers

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Quand on souhaite planter des rosiers, les catalogues regorgent de merveilles. Mais comment choisir ? Le propos semble anodin mais rien n’est plus dommage que de voir un rosier mal adapté à l’endroit où il est planté. Tout le savoir-faire du jardinier ne pourra pas compenser un mauvais choix à la plantation.
Ce podcast propose quatre règles d’or pour choisir un rosier : Des plantes en bonne santé, une forme de rosier appropriée àl’endroit où il est planté, un besoin d’entretien de la variété choisie bien synchronisé avec la disponibilité et le savoir-faire du jardinier. Et bien sûr, un rosier dont la couleur, les pétales, le parfum enchantent le jardinier et/ou ceux pour qui le rosier a été planté !
Une fois choisis vos critères, le nombre de rosiers ‘éligibles’ pour votre petit coin de paradis se réduit étonnamment. Mais le résultat sera à la mesure de vos efforts de recherche. 

Blog 2022 09 : Comment choisir ses rosiers

Le jardinier qui souhaite planter des rosiers a beaucoup de chance : l’offre des pépiniéristes est très fournie et les catalogues regorgent de merveilles. Oui mais… comment choisir ? Car si les rosiers sont en général des plantes faciles à cultiver, rien n’est plus dommage que de voir un rosier mal adapté à l’endroit où il est planté. Le propos semble anodin. Pourtant tout le savoir-faire du jardinier ne pourra pas compenser un mauvais choix à la plantation.

Il y a quatre règles d’or pour choisir un rosier :

  • Des plantes en bonne santé
  • Une forme de rosier appropriée à l’endroit où il est planté
  • Un besoin d’entretien de la variété choisie bien synchronisé avec la disponibilité et le savoir-faire du jardinier
  • Un rosier dont la couleur, les pétales, le parfum enchantent le jardinier et/ou ceux pour qui le rosier a été planté !
Rosier ‘Alchemist

Un rosier en bonne santé

Quelques régles à respecter.

Les rosiers ne supportent pas tous le froid. La plupart des rosiers résistent très bien au froid, témoin les magnifiques rosiers qui fleurissent chaque printemps devant les maisons de l’île de Gotland, à l’est de la Suède. Mais il y a desexceptions, et de taille, comme par exemple de nombreux rosiers thé. Ils ont tendance à geler jusqu’au sol en hiver, dans notre Puisaye. S’ils reprennent au printemps, ils sont simplement en retard sur la saison mais vigoureux. Mais certains ne se remettent pas de cet épisode rigoureux. Les rosiers chinensis, les noisette et les banksia n’aiment pas le froid non plus. En revanche, tous les Gallica, Rugosa et beaucoup de centifolia et alba sont bien résistants. Le rosier ‘Hansa’ ci dessous non seulement supporte le froid mais est d’autant plus beau que l’hiver a été rigoureux
Les hybrides modernes sont inégaux mais une taille très courte au printemps est souvent nécessaire.

Rosier ‘Hansa‘ en hiver

S’ils ne supportent pas tous le froid, en revanche les rosiers supportent bien la chaleur : certains rosiers nous viennent du Moyen Orient (Rose de Damas, de Perse) et ne craignent vraiment pas le soleil. A l’usage, les rosiers semblent même préférer le temps chaud au temps froid. Les épisodes de canicule de cet été 2022 l’ont amplement démontré et la plupart des rosiers de notre roseraie montrent en ce début septembre un feuillage bien fourni et brillant et préparent une belle remontée de fleurs.
Les rosiers ont besoin d’arrosage, mais moins que la plupart des plantes vivaces. Nous avons fait l’expérience cet été de pailler abondamment les pieds des rosiers mais nous ne les avons pas du tout arrosés. Ils ont bien supporté six semaines sans aucune pluie. En revanche, dès que les orages ont été assez conséquents pour traverser les paillages et réimbiber le sol, les rosiers ont produit de bien belles pousses, en avance sur ce que l’on voit en général début septembre. 
Inversement, les rosiers supportent mal un sol détrempé en hiver. Nous avons au Jardin des Merlettes quelques rosiers plantés et qui se portent bien à des endroits mal drainés et souvent inondés l’hiver. C’est le cas de ‘Mermaid’ et de certains rosiers botaniquesmais ce sont des exceptions, la plupart des rosiers n’aiment pas que leurs racines soient noyées.
Les rosiers préférent les sols argileux : il nous est bien facile de voir la différence entre les rosiers cultivés dans le jardin situé à Cosne même, dans le Val de la Loire, au sol léger et sableux, et ceux de la roseraie du Jardin des Merlettes, dans l’argile poyaudine, à environ 250 m d’altitude. Même bien enrichi en humus depuis des années, le sol du val donne de bien moins bons résultats. La structure du sol est un sujet sur lequel nous sommes particuliérement vigilants : les parterres du Jardin des Merlettes sont rechargés régulièrement en bois raméal fragmenté, terreau ou paillage de fétuque, paille ou mulch. A ce régime ne s’ajoute aucun engrais chimique, naturellement. Parmi les rosiers buissons particulièrement vigoureux et faciles : ‘Jubilé du Prince de Monaco’, ‘Westerland’ et ‘Mozart’.

Mais il faut bien reconnaître hélas que, même plantés dans des conditions idéales, certains rosiers sont fragiles : Même si la saison débute bien, ‘American Pillar’ se couvrira d’oïdium au début de l’été, de même que ‘Veichelblau’ (photo ci dessous) ou ‘Souvenir d’Alphonse Lavallée’. La différence est flagrante avec d’autres rosiers bien résistants. Autant le savoir. D’autres rosiers sont, eux, sujets au champignon Marsonia , appelé aussi ‘maladie des taches noires’ et perdent toutes leurs feuilles en début d’été. C’est le cas des rosiers ‘Alchemist’ , ‘Prince Igor’ et ‘Madame Butterfly’. Cette faiblesse ne nous a pas empêchés de les planter. Nous ne nous en préoccupons pas trop et nous contentons de tailler les branches les plus atteintes et d’arroser les rosiers les plus touchés. La pousse de remplacement qui s’ensuit en milieu d’été est en général saine.

Oidium sur rosier ‘Veichelblau’

Choisir où planter en recensant les milieux du jardin

Dans un jardin, les propriétés du sol, l’espace disponible, l’ombre portée par les bâtiments alentour et les arbres, le vent, le climat, sont autant de circonstances qu’on ne pourra pas changer. En revanche, la combinaison de ces éléments, favorables ou défavorables, peut changer de façon importante d’un endroit du jardin à l’autre et un jardinier peut utiliser ces différences de façon astucieuse.
Autant que possible, on plante les rosiers dans l’endroit du jardin le mieux adapté à leurs besoins, c’est à dire celui qui répond au plus grand nombre de critères positifs et, par ordre d’importance, de la lumière, de l’air, et un peu d’espace, tel ce rosier grimpant ‘Madame Meilland’, de plus de cinquante ans d’âge, qui contraste avec l’aspect chétif d’autres rosiers du même jardin qui ne reçoivent pas assez de lumière.

Mme Meilland’ ou ‘Peace’

Un rosier pour chaque usage

Il faut ensuite considérer la hauteur et la largeur souhaitée pour la plante qu’on installe. Bien sûr, ça coule de source…mais on a tendance à oublier cette question quand on achète un rosier. Selon l’objectif recherché, l’espace à investir ou le support à habiller, mais aussi l’association recherchée avec les plantes déjà en place et l’ambiance que l’on souhaite créer, on choisira des rosiers plus ou moins hauts ou larges, ceux qui serviront de fond et ceux qui joueront les ‘prima rosa’. Là se pose souvent un problème bien pratique : où trouver ces précieuses informations ? Les catalogues donnent des indications, mais le sol du jardin et les conditions de culture offertes au rosier changent beaucoup la donne. Nous avons ainsi planté des rosiers ‘Astronomia’ censés mesurer environ 60 cm de haut et sommes chaque année surpris par les pousses d’été qui avoisinent un mètre, ridiculisant un peu le second rang de rosiers qui s’en tient, lui, aux 80 cm prévus. Un détail anodin ? Pas vraiment, car l’effet d’ensemble est raté.

Le dessin ci-dessous présente la succession des formes de rosiers, par ordre croissant : rosier paysager couvre sol, buisson, haut buisson, demi tige, pleureur, grimpant (petit ou grand), et enfin le rosier liane. Le facteur important àconsidérer est le volume du rosier par rapport à ce qui pousse autour de lui : des plantes vivaces, d’autres buissons, ou bien si le rosier est planté en isolé sur une pelouse. Dans ce dernier cas, par exemple, on recommande de le planter par groupes de trois ou cinq exemplaires pour un meilleur effet

Et le port du rosier lui même est extrémement important, et, en particulier, la souplesse de ses branches et leur longueur.Les photos ci-dessous présentent quelques exemples de rosiers en pergola. Le rosier de gauche, ‘Pink Cloud’, est beaucoup trop petit pour cette pergola de trois mètres de haut. Ce n’est pas parce qu’il est jeune car d’autres rosiers du même âge ont déjà formé un arc de cercle au dessus de la pergola. Il n’est tout simplement pas programmé pour pousser aussi haut. Par contraste, le rosier de la photo du milieu, ‘Apple Blossom’ est parfaitement à son avantage. Mais à droite,‘Madame Alfred Carrière’ peut prêter à discussion. Il est si exubérant et difficile à draper que l’effet rendu est toujours un peu fouillis. Mais certains trouveront que cela lui donne encore plus de charme, et ses roses sont si jolies !

Et il faut également décider, bien sûr, si l’on souhaite absolument un rosier remontant ou si l’on accepte un rosier non remontant, c’est à dire qui ne fleurira qu’une seule fois… Nous n’insistons pas sur ce critère, largement discuté par ailleurs dans ce blog. Il peut être dommage, si l’on a quand même un peu de place à leur consacrer, de se priver de la magnifique floraison des rosiers non remontants. Ci dessous, ‘Wedding day’ et ‘François Juranville’.

‘Wedding Day‘ (blanc) et ‘François Juranville’ (rose)

Un rosier pour le jardinier

Et il ne faut pas oublier non plus le jardinier, qui va passer du temps à soigner les rosiers et à les attacher. Il est prudent d’intégrer dans notre choix quelques contraintes de gestion :
Il s’agit d’évaluer honnêtement le minimum de soins requis pour le rosier choisi. A chaque saison, il y a un peu de travail à faire sur les rosiers : en hiver (la taille d’hiver), au printemps (fin juin, un peu de nettoyage des fleurs fanées, et souvent, désherber le pied des rosiers), en été (la taille des rosiers non remontants que l’on n’aura pas taillé en hiver, pour préserver leur floraison de printemps), en automne enfin, le palissage des rosiers grimpants et lianes. Faute de ces soins essentiels, le rosier ne réalisera pas son potentiel.

Tout dépend donc du temps que le jardinier peut rendre disponible, et aussi de son savoir faire. La difficulté relative d’entretien des rosiers croît avec leur taille, et tout simplement déjà pour des raisons d’accès. Attention donc aux pergolas et autres grimpants pour ceux qui n’aiment pas les échelles car il faut absolument attacher les nouvelles pousses. Un rosier grimpant bien fourni peut facilement demander une demi-journée de travail deux fois par an, et quelques séances de nettoyage après floraison. Et n’espérez pas gagner du temps en ne le taillant que tous les deux ou trois ans, c’est l’inverse qui se passera car la taille sera beaucoup plus compliquée. Et si on omet l’exercice une année, le rosier n’en souffrira pas, mais il ne sera pas forcément très joli à regarder et certaines branches risquent d’être cassées par l’orage. Les choses rentreront dans l’ordre dès la taille suivante.

Les deux photos ci-dessous présentent un petit grimpant, ‘New Dawn’, qui est un bon sujet pour commencer. Il est si vigoureux que rien ne l’abattra. En revanche, en le taillant et en observant comment il pousse, vous comprendrez vite comment procéder ( à gauche, avant la taille d’hiver, au centre, après la taille). 

Et voici ‘Aimée Vibert’ , un rosier un peu plus difficile car il produit tant de pousses du pied qu’il peut décourager celui qui est chargé de le draper. Cependant il ne présente aucune difficulté une fois les pousses attachées.

Rosier ‘Aimé Vibert

Pour vérifier son choix, il est vraiment utile d’aller chaque fois qu’on le peut regarder ‘in situ’ les roses que l’on a choisies dans un catalogue. Pour cela, les roseraies de votre région sont idéales, si possible en juillet, après la première belle floraison et quand les maladies attaquent, ainsi qu’en octobre, quand seuls les rosiers les plus courageux fleurissent encore. Vous ferez des découvertes !

En région parisienne, les roseraies de Bagatelle et de l’Haÿ les Roses, à Lyon, la roseraie du Parc de la Tête d’Or, à Rennes, le parc du Mont Thabor, et beaucoup d’autres. Outre le plaisir de leur visite, ces roseraies sont particulièrement utiles pour l’amateur tant le choix qu’elles offrent est grand. Sans compter que si vous prenez le temps de regarder, vous découvrirez mille astuces utilisées par les jardiniers pour conduire et attacher les plus récalcitrants.

Un rosier … pour ses roses !

Et une fois passés en revue tous ces critères bien raisonnables, on peut simplement choisir des rosiers parce qu’on aime leurs roses ! Certains jardiniers ne jurent que par les roses ‘anciennes’, d’autres n’aiment que les polyanthas, d’autres enfin les botaniques.

Pour ma partie les aime toutes et nous avons planté des roses pour tous les goûts au Jardin des Merlettes, afin que chacun puisse s’entraîner sur les variétés qu’il préfère.

  • La famille de rosiers : ‘anciens’ versus ‘modernes’, les botaniques, des roses ‘thé’ ou des Noisettes…
  • Les critères horticoles : par exemple, la forme des fleurs, en coupe, globuleuse, turbinée,… de leurs pétales ainsi que leur nombre, simple ou centifolia, la floribondité, le port du rosier lui même, et aussi des roses, et même la façon dont elles fanent, qui peut être très jolie ou totalement disgracieuse, comme la rose ‘Sénégal’, montrée ci dessous.
  • Des qualités particulières : le parfum, bien entendu, mais aussi des qualités auxquelles on ne pense pas d’abord. Par exemple, le fait de pousser en mi-ombre. C’est le cas de ‘Alister Stella Gray’, un rosier Noisette qui s’accommode bien d’une ambiance de sous bois aéré. Parmi d’autres critères, on peut également penser à la tenue de la fleur en bouquet dont ‘Mme Meilland’ détient la médaille d’or !
  • Et enfin, les roses que l’on aime parce qu’elles font partie de notre histoire personnelle. Chacun a des souvenirs liés à telle ou telle rose dont le nom évoque un proche, un ami, un souvenir agréable.
Rose ‘Sénégal’

Voici ci-dessous, quelques unes de nos roses préférées : le ‘Rosier évêque’ pour sa couleur, ‘Mme Butterfly’, pour ses pétales turbinés et son parfum, ‘Chinensis mutabilis’ pour sa grâce….

Il ne vous reste plus qu’à vous mettre au travail. Vous allez sans doute découvrir qu’une fois choisis vos critères, le nombre de rosiers ‘éligibles’ pour votre petit coin de paradis se réduit étonnamment. Mais le résultat sera à la mesure de vos efforts de recherche. Vous êtes peut-être surpris par toutes ces précautions que je viens de décrire pour choisir vos rosiers. Mais je vous garantis que chacune d’entre elles est nécessaire. Comme dans d’autres disciplines qui font appel à nos sens artistiques, lorsque le résultat est réussi, tout paraît simple et on a tendance à minimiser le travail qui a précédé. Le visiteur en tous cas n’en saura rien.

Rendez vous bientôt au jardin, pour une visite commentée de la roseraie.

31 août 2022 : C’est la rentrée !

Pendant l’été, on a rêvé de nouveaux projets pour son jardin et c’est le moment de les mettre en œuvre. Et il est temps de commencer à préparer vos plantations de l’automne prochain.

D’une part, il faut décider ce qu’on va planter, où, combien et aussi où on va trouver les végétaux souhaités. C’est plus ardu qu’il n’y paraît car le choix est grand et il ne faut pas se laisser emporter par la séduction des catalogues mais essayer de rester sur les critères auxquels on a soigneusement réfléchi, cet été, sur la plage ! Quand on soumet la liste des envies à une sélection fondée sur des critères objectifs, la liste fond à vue d’œil et il faut souvent retourner aux catalogues pour trouver d’autres idées. Même s’il n’est pas encore temps de planter, il faut donc préparer les listes dès maintenant. On profitera ainsi des fêtes des plantes de l’automne pour préciser encore nos choix.

D’autre part, c’est le moment de porter notre attention sur la façon dont le jardin a supporté l’été. Quels sont les endroits et les plantes qui ont bien résisté, lesquels sont ravagés ? Est-ce qu’on comprend pourquoi et qu’est-ce qu’il faut changer ? Peut-on mieux protéger le sol du jardin, en particulier, du soleil. 

Nous essayons de vous donner régulièrement des pistes sur notre blog et dans nos podcasts. Alors, vérifiez et faites-nous part de vos expériences et commentaires.

Bon courage !

S4 E6 Podcast : Jardin et sécheresse, comment les concilier ?

Écouter

L’été 2021, très pluvieux, nous avait fait oublier les épisodes de canicule et la sécheresse de l’année précédente. L’été 2022 nous rappelle brutalement que le dérèglement climatique est bien là et que nous devons désormais l’intégrer dans nos pratiques jardinières. Mais, pratiquement, que faire quand la canicule sévit et que nos jardins souffrent ? Face à ce défi, chacun recherche des solutions et certaines sont plus efficaces que d’autres. Nous vous proposons quelques pistes de réflexion.